Wijn en Gaard – Over Belgische wijn

La première coopérative viticole de Belgique prend son envol – entretien avec la coordinatrice Laetitia Vankerkoven

(c) Sieglinde Vanhaezebrouck

Il y a quelques semaines, le petit village du Brabant wallon de Perwez a été le théâtre d’une première dans la viticulture belge. Le cellier de Perwez, la première véritable coopérative viticole de notre pays, y a été baptisé.

En 2021, un premier groupe de travail a été constitué, composé notamment de l’institut de formation IFAPME Perwez et d’acteurs publics et privés. Après une étude préparatoire réalisée par Nicolas Parmentier (Vinolis) portant à la fois sur la faisabilité technique et financière du projet, un business plan détaillé a été élaboré par Benoît Haag (Winch Projects). Le mois dernier, le feu vert officiel pour ce projet a alors été donné.

Pour gérer le démarrage de ce projet, Laetitia Vankerkoven a été employée à temps partiel pour une période de 18 mois. Vankerkoven est bioingénieur de formation avec une spécialisation en protection des plantes. Elle a ensuite obtenu un diplôme d’œnologie à l’université de Montpellier et a travaillé dans plusieurs domaines français dans le Rhône et le Bordelais. Elle a également coordonné le projet de viticulture coopérative Les 130 dans le nord de la France avant de retourner en Belgique. Laetitia Vankerkoven est également membre de l’Union des œnologues de Belgique.

Wijn & Gaard s’est entretenu avec Laetitia Vankerkoven au sujet de ce projet, qui peut donner un coup de pouce supplémentaire aux viticulteurs belges confrontés à des coûts de démarrage élevés et ayant besoin de partager leurs bonnes pratiques.

Laetitia Van Kerkoven (c) Union des Oenologues de Belgique
Laetitia Van Kerkoven (c) Union des Oenologues de Belgique

WG: Le terme “coopérative” n’est pas nouveau dans la viticulture belge. Il suffit de penser aux initiatives du Domaine W et du Vin de Liège, par exemple. Dans quelle mesure l’initiative du Cellier de Perwez se distingue-t-elle de ces initiatives ?

LV: Ce modèle de coopérative-ci diffère des autres coopératives wallonnes par le modèle de gouvernance. Dans ce cas-ci, les coopérateurs et les coopératrices seront également les producteurs et les productrices de raisins. L’outil de vinification sera construit afin de répondre directement à un besoin économique et de services des coopérateurs. La plupart des autres coopératives existantes sont possédées par des particuliers. C’est une autre utilisation de l’économie sociale, qui une finalité financière et non économique.

WG: Récemment, Vivardent a également déployé ses activités à Sprimont et, en plus de traiter ses propres raisins, elle aspire à traiter les raisins d’autres viticulteurs. Le fonctionnement du Cellier de Perwez sera-t-il similaire ?

LV: Non, l’objectif de la cave coopérative de Perwez est de répondre aux besoins économiques de ses coopérateurs. Il s’agit donc de la création d’un outil de vinification qui servira à l’ensemble des coopérateurs. À l’heure actuelle, aucune marque propre à la cave coopérative n’est prévue mais rien n’est exclu dans la mesure où nous devons innover en adéquation avec le marché. Le projet ici est de permettre à chaque coopérateur et coopératrice de produire leur vin dans un outil performant partagé.

WG: Le service envisagé par le Cellier de Perwez est assez étendu et couvre les différentes phases du processus de vinification. Qui sera en charge des différentes facettes de ce service. Vous seul ou aussi d’autres personnes ?

LV: Actuellement le projet n’en est encore qu’à sa phase de constitution, aucune décision opérationnelle n’a été prise. Trois temps plein sont prévus pour la gestion de l’ensemble de l’outil.

WG: A qui s’adresse le projet ? Uniquement les viticulteurs de la région immédiate ? Ou, plus largement, aux viticulteurs de toute la province ? Visez-vous les viticulteurs d’une certaine taille ou êtes-vous ouvert à tous ceux qui ont 20 pieds de vigne dans leur jardin ?

LV: Le projet a été pensé afin d’accueillir un volume de 3 000 hl de production par an. Cela correspond à une production sur 60 ha environs. L’accès à la coopérative n’est pas limitée d’un point de vue géographique, nous sommes ouverts à recevoir des coopérateurs et des coopératrices venus de l’ensemble du territoire belge. Concernant la taille minimale, effectivement pour des questions d’économie d’échelle, une limite minimale de 1 500pieds est actuellement considérée.

WG: Y a-t-il déjà des engagements concrets de la part de viticulteurs qui souhaitent participer au projet, et pouvez-vous donner des noms ?

LV: Oui, aujourd’hui environs 5 personnes sont partants pour s’engager dans le projet. Tant que rien n’est concrétisé par une création officielle de statut, je ne communiquerai pas de nom.

WG: Est-il prévu de commercialiser également des vins sous l’étiquette Le Cellier de Perwez, à l’instar de ce qui se fait à l’étranger, ou tous les vins seront-ils commercialisés sous les étiquettes des différents viticulteurs ?

LV: L’hypothèse de démarrage est de fournir uniquement des bouteilles étiquetées sous les noms des différents vignobles qui utiliseront notre outil. Une marque commune n’est pas encore prévue à ce jour. Ce sera en fonction des besoins communs des coopératrices et des coopérateurs que cette option pourra être analysée et mise en place le cas échéant.

WG: On dit souvent en riant que pour gagner beaucoup d’argent avec la viticulture, il faut d’abord y investir beaucoup plus d’argent. Un projet comme Le Cellier de Perwez est sans aucun doute coûteux. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le financement du projet et sur le rôle du financement public par rapport à l’investissement privé ?

LV: Aujourd’hui, on estime un apport de fonds propres – sous forme de part dans la coopérative – de 20 % du budget global. 20% serait financé par des emprunts subordonnés et le reste par des emprunts bancaires plus classiques.

WG: Un projet comme Le Cellier de Perwez a naturellement besoin de temps pour se développer. La cuverie a une capacité totale de 3.000 hl. A partir de quelle capacité le projet sera-t-il rentable ?

LV: Le projet prévoit une croissance progressive du remplissage de l’outil. Nous pourrons déjà démarrer l’activité à un régime de 50 %.

WG: Quel est l’avenir du Cellier à court et moyen terme ? Quand les premiers vins seront-ils commercialisés ?

LV: L’objectif est de mettre en service l’outil de la cave coopérative d’ici la campagne de vendange 2026. Il faudra compter entre 10 mois à 2 ans supplémentaires pour voir apparaître les premières bouteilles de ce projet.

WG: Quand considérerez-vous que le projet du Cellier de Perwez est une réussite ?

Actuellement, ma mission est sur 18 mois. J’ai donc une échéance très rapprochée. J’ai l’intention de rassembler le nombre suffisant de coopérateurs et coopératrice pour démarrer le projet d’ici l’automne 2024. Si cet objectif est atteint, ce sera déjà une réussite.

WG: Laetitia, merci pour cette interview et bonne chance pour ce grand projet.

Plus d’informations sur ce projet sont également disponibles sur le site de l’Association des Vignerons de Wallonie (article Marc Vanel).


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